En 1883, Srpuhi Dussape publie son premier
livre, Mayda, qui lance le débat de la protection des droits de la femme et de
sa libération et fait ainsi couler beaucoup d’encre au sein de l’élite intellectuelle
arménienne de Constantinople. À travers ses œuvres littéraires et ses discussions avec plusieurs
intellectuels de l’époque dans son salon littéraire connu, elle préconise le
droit de la femme au travail à l’extérieur du foyer familial au même titre que
l’homme, la liberté de choisir son époux, l’égalité dans l’éducation et
l’implication active de la femme au sein de la sphère publique et à l’intérieur
de la vie sociale de la communauté.
Malheureusement, sa carrière a été
interrompue très tôt, par la mort de sa fille qui par la suite, l’a poussée à
se retirer de la vie publique. Une brise de fraicheur a soufflé avec
l’apparition de Zabel Yessayan à la fin du siècle, qui amena des idées
nouvelles sur la condition féminine grâce à son éducation à l’étranger.
Inspirée énormément de Dussape, elle a su mettre la femme au cœur de ses
préoccupations et au sein de ses œuvres les plus connues. D’ailleurs dans ses
mémoires, Les jardins de Silihdar,
elle raconte avec admiration sa première rencontre quand elle n’était qu’une
jeune fille, avec la grande écrivaine Dussape: « When Madame Dussape learned that i had
decided on a literary career, she warned me that there were more pitfalls than
laurels on that road. Our communities, she added, were not prepared to allow a
woman to make a name for herself. In order to overcome that obstacle, one ought
to rise far above mediocrity. A man may be a mediocre writer, but not a
woman ». C’est ainsi qu’elle a lutté pour se surpasser dans le domaine
de l’écriture. « Elle est la
réussite la plus parfaite de la littérature arménienne-occidentale »
jugeait Hagop Oshagan, dans son œuvre, Panorama de la littérature
arménienne-occidentale.
Zabel Hovhannessian (Yessayan) est née en 1878, à Constantinople. Grâce à
un père aux idées modernes, elle est envoyée à 17 ans, seule à Paris pour
continuer ses études et suivre des cours de littératures à la Sorbonne. En
1900, elle épouse Dikran Yessayan, artiste-peintre français et s’établit pour quelque
temps en France. Elle collabore avec plusieurs revues littéraires comme le Mércurede France, Humanité Nouvelle et Écrits pour l’art avec le poète René Ghil, avec qui elle maintient une longue correspondance. Impliquée dans plusieurs
missions humanitaires et sociales, elle lutte, enseigne, combat et écrit sans
répit. Ses activités l’amènent un peu dans tous les coins du monde; Paris,
Bulgarie, Égypte, Moscou, Liban… Zabel Yesayan |
En 1915, ce n’est que par pur hasard qu’elle s’éloigne de la capitale Constantinople et sera ainsi sauvée des déportations et massacres dont sont tombés victimes ses compatriotes. En 1927, elle visite l’Arménie soviétique et s’y établit définitivement en 1933, pour enseigner à l’Université de Yerevan. En 1937, elle tombe victime des purges staliniennes, exilée vers la Sibérie, elle disparaît en route et son sort demeure inconnu jusqu’à nos jours. Les autorités ont annoncé sa mort vers 1943.
References:
Oshagan Hagop, Panorama de la littérature française, vol VI, Editions Hamazkaine, Beyrouth, 1968
Baliozian Ara, Zabel Yesayan: The Gardens of Silihdar and Other Writings, Ashod Press, New York.
Dasnabédian Shoushik, Verloudzagan Echer, Ed. Erebouni, Beyrouth, 1987
Photos: Musée d'Art et de Littérature, Yerevan, Arménie
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