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"Literature is not an ornament, a pleasant pastime, a pretty flower. Literature is a weapon to struggle against injustice."
Կինը աշխարհ չէ եկած մինակ հաճելի ըլլալու համար։ Կինը եկած է իր խելքը, մտային, բարոյական եւ ֆիզիքական յատկութիւնները զարգացնելու համար։ Ինքզինքնին յարգող բոլոր կիներուն իտէալը միայն հաճելի ըլլալը պէտք չէ ըլլայ, այլ երկրիս վրայ գործօն բարերար տարր մը դառնալը։“

Podcast sur France Culture

Saturday, December 27, 2014

Mon Enfant

(poème écrit et traduit par Yesayan, publié dans "Ecrits pour l'Art", 1905)

Après les crises de douleurs qui me ravagent au dedans de moi-même, me griffent la figure et frottent autour de mes yeux le noir de la souffrance, - Lorsque lasse, je sens encore leur morsure sous ma peau, et leur frisson dans mes veines, je Le vois qui me sourit.
Il ne me sourit qu'en ces heures-là. Il ne se révèle à moi que lorsqu'un mal intolérable me tord.
Avant d'avoir connu la douleur, je ne Le connaissais pas. Je ne sais quel jour il est né, mais à présent son existence m'enveloppe. Je Le sens parfois en moi, mais le plus souvent, je Le sais au loin, très loin...
Je Le connais d'une façon indécise. Dans mon cerveau engourdi par les longues insomnies, ses yeux n'ont laissé qu'une image vague, qui se prolonge...
Il a des cheveux en nuage, des yeux comme des étoiles, et les contours de sa figure s'estompes sur du vide...
Je connais plutôt ses sourires que sa figure. Je les sens dans l'air, et les vois en fermant les yeux, avec une ivre volupté. Je connais ses regards plutôt que ses yeux: je l'aspire par mes paupières. Je connais ses chuchotements, qui embaument comme de l'encens et me grisent, et jusqu'à ses gestes, que je perçois à la suite des grandes affres. Et la sensation de ses petits bras autour de mon cou, m'affole!...
Il est mon Enfant existant quelque part, au loin, né de ma souffrance et qui se nourrit de ma douleur.
Je suis heureuse de supporter ces anxiétés et ces maux puisque c'est par eux qu'il m'arrive. Je dois chaque fois traverser un océan d'émotion, pour Le retrouver sur l'autre rive. Je dois boire tout un horizon de sang et dessécher le soleil, pour Le retrouver dans la nuit suprême. Après les tortures de la journée, je dois sentir ma vie brûler et se consumer dans les fièvres pour que je puisse un tout petit peu l'approcher!
Il ne m'aime pas peut-être...Moi je suis son esclave.
Un jour cependant, je Le rejoindrai pour toujours: ainsi me l'on prédit les nuits, encensées par sa présence, mélodieuses de son murmure.


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